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Festival d'Avignon 2022 : nos treize derniers coups de cœur du Off - Télérama.fr

Des débats agricoles houleux, un florilège de figures acrobatiques, Patrick Dewaere ou Patrick Swayze… Avant de tirer le rideau sur cette édition 2022, nous vous livrons notre troisième sélection de spectacles à voir dans le Off d’Avignon.

“Fin de partie”, de Samuel Beckett

« Fin de partie » de Samuel Beckett

« Fin de partie » de Samuel Beckett

Photo Pierre GROSBOIS

On ne sait pas où l’on est au juste, quand – après la fin du monde, au purgatoire ? –, ni quels sont les rapports véritables entre les personnages en scène : Hamm (Frédéric Leidgens) l’aveugle paralytique tyrannique sur sa chaise roulante et son fils ou domestique Clov (Denis Lavant), obéissant et opaque, Nell et Nagg les parents possibles de Hamm, enterrés vivants dans leurs poubelles… Pourtant avec un humour carnassier, qu’on redécouvre tout au long du texte grâce à la mise en scène constamment à l’écoute, ultra fine et sensible de Jacques Osinski, c’est rien de moins que l’histoire lamentable et magnifique de notre humanité sans fin recommencée, fragile et insubmersible que nous conte Samuel Beckett (1906-1989). Fin de partie (1957) est sans doute la plus métaphysique et la plus concrète de ses pièces, la plus méchante et la plus tendre, la plus mystérieuse et la plus drôle. Absurde et familière. Ce qu’elle dit de nos existences précaires mais admirables est ici porté à l’incandescence par Frédéric Leidgens et Denis Lavant. Ils nous font arpenter nos gouffres, affronter nos abîmes, avec une grâce maligne mêlée de philosophie. Rarement on nous aura aussi bien fait entendre un texte si magique. Effroyable et amical. — F.P.

s Jusqu’au 28 juillet, au Théâtre des Halles, à 16h. Durée : 2h. Relâche le 27. Tél. : 04 32 76 24 51. Et du 19 janvier au 26 février au Théâtre de l’Atelier, Paris 18e.

► Lire aussi notre première sélection des meilleurs spectacles du Off


“Surexpositions (Patrick Dewaere)”, de Marion Aubert

« Surexpositions (Patrick Dewaere) »

« Surexpositions (Patrick Dewaere) »

Photo Remi Blasquez

Voilà quarante ans que sa dégaine de râleur lunaire nous manque. Patrick Dewaere (1947-1982) a disparu comme la comète qu’il fut dans le cinéma des années 1970 : acteur apparu d’un coup dans Les Valseuses, de Bertrand Bier, en 1974 et disparu tout aussi brutalement trois ans après la sortie de Série noire, d’Alain Corneau. Sans être obsédé par les raisons de son suicide, cette « enquête », menée par deux comédiens et deux comédiennes jouant tous les rôles, creuse les registres de sa terrible mélancolie. Dans un décor asctucieux, entre loges de théâtre et studio de tournage, costumes et perruques s’échangent à vue… Les interprètes endossent avec légèreté autant qu’avec bravoure de nombreux personnages. À commencer par la figure de la mère, Mado Maurin, actrice et chanteuse lyrique, qui a fourgué ses nombreux enfants dans toutes les productions possibles. Enfant poussant comme une herbe folle, devenu vedette dans l’ombre de Gérard Depardieu, amant fou de Miou-Miou (coup de chapeau à l’actrice !), pilier du Café de la Gare et copain de Romain Bouteille… tout son monde défile, avec extraits de tournages à l’appui. Celui des Valseuses vaut son pesant d’or. Nudité potache et quête du plaisir, tout est assumé mais replacé, avec distance, dans le contexte post-68 de l’époque. Marion Aubert, l’autrice, a réussi ici son portrait contrasté d’un acteur qui mélangeait l’art et la vie dans un cocktail explosif. Et la compagnie Le Souffleur de Verre, à l’origine de la commande, tient le pari du début à la fin. Avec une ferveur communicative. — E.B.

r Jusqu’au 30 juillet, à La Factory-Théâtre de l’Oulle, à 21h40. Durée : 1h50. Relâche le 25. Tél. : 09 74 74 64 90.


“Our Daily Performance”, de Giuseppe Chico et Barbara Matijevic

« Our Daily Performance »

« Our Daily Performance »

Photo Matthieu Edet

Trois filles, deux garçons ; cinq corps sur scène nous enseignent comment tomber, sans se blesser, à la renverse dans sa baignoire, à cause d’une savonnette. Comment pratiquer le haka des rugbymen. Comment ramper comme une limace ou sauter comme une grenouille. Comment se défouler dans son appartement à l’aide d’une couette remplie de linge sale. Comment écrire du rap à partir de Shakespeare ou de tweets de cent quarante signes. Bref, comment naviguer dans le quotidien de mille et une manières, surtout si celles-ci sont saugrenues et inapplicables. Ce spectacle burlesque performé par cinq interprètes, acteurs-gymnastes reconvertis en coachs du dimanche, emprunte aussi bien à Buster Keaton qu’à Charlie Chaplin ou Jacques Tati. Mais il invente aussi un langage verbal, corporel, textuel, plus politique qu’il n’y paraît. Au-delà des gesticulations bien ordonnées, ce sont nos fascinations décérébrées pour les recettes comportementalistes dont regorgent les tutoriels en ligne qui sont ici pointées du doigt. Certaines séquences sont parfois superflues, d’autres carrément hilarantes. L’ensemble vaut plus que le détour. — J.G.

r Jusqu’au 26 juillet, au Train Bleu, à 14h15 (les jours pairs). Durée : 1h15. Tél. : 04 90 82 39 06.


“Time to Tell”, de Martin Palisse et David Gauchard

« Time to Tell »

« Time to Tell »

Photo Christophe Raynaud de Lage

C’est au milieu du public que progresse plus d’une heure durant Martin Palisse, jongleur depuis vingt-trois ans. Il arpente une scène-couloir d’une extrêmité l’autre, jusqu’à cette platine posée sur le sol où il enchaîne lui-même les disques de techno douce ou de jazz brut. Silhouette ultra fine dans son débardeur noir, il niche au creux de ses bras ses alliées : ses balles de jongle. Objets obsédants – comme pour tous les jongleurs – mais qui sont aussi pour lui le symbole d’une belle victoire sur la malchance : un mauvais tirage au code ADN qui a fait de lui un porteur de la mucoviscidose. À 39 ans, il a décidé de raconter enfin cette histoire. Time to tell

Alors tout en jonglant à des rythmes différents – et son minimalisme parfois n’est pas le moins spectaculaire –, il avance dans son récit. En voix off, pendant qu’il envoie la balle rouler sur son corps, il décrit à hauteur d’enfant, d’adolescent puis d’adulte ce que la maladie lui a fait. Ce que le regard des autres (parents, amis, pédagogues, soignants, chercheurs) a provoqué en lui. Et comment l’art de la jongle est le seul horizon qu’il guette. Grâce à lui, il tient. Et plus que ça même, dans ce tourbillon final par exemple, où il dépense son souffle. Défi magnifique, geste métaphysique. — E.B.

r Jusqu’au 24 juillet, à La Manufacture-Patinoire, à 11h55. Durée : 2h (trajet en navette compris). Tél. : 04 90 85 12 71.

► Lire aussi notre deuxième sélection des meilleurs spectacles du Off


“Allosaurus (même rue, même cabine)”, de Jean-Christophe Dollé et Clotilde Morgiève

Longtemps que n’existent plus les cabines téléphoniques, ces mythiques boîtes de verre où l’on pouvait se faire appeler de l’étranger, où les plus pauvres communiquaient pour presque rien. C’était aux temps anciens, aussi, où sans portable, on pouvait rester injoignable, comme ignorer la provenance d’un appel… Alors le téléphone avait encore quelque chose d’irrémédiable, de fatal, de théâtral… Est-ce pour cela que Jean-Christophe Dollé et Clotilde Morgiève, bienheureux fondateurs de la compagnie f.o.u.i.c. voilà vingt ans déjà, ont fait de la cabine téléphonique le centre d’une trilogie théâtrale (avec Téléphone-moi et Déconnexion) ? Dans cet émouvant et sensible épisode, Allosaurus – où sont conviés à participer des spectateurs –, trois paumés, trois précaires, trois solitaires se partagent l’usage de la cabine devenue refuge. Ils sont mal dans leur tête, leur corps, leurs amours impossibles. Leurs chemins vont mélancoliquement se croiser au rythme pourtant entêtant d’une guitare électrique. Leurs trois existences fragiles de s’épauler alors avec tendresse. Et on est bouleversé par la folie douce de ces âmes perdues si fraternelles. — F.P.

q Jusqu’au 29 juillet, au 11-Avignon, à 21h15. Durée : 1h40. Relâche le mardi. Tél : 04 84 51 20 10.


“Coupures”, de Paul-Éloi Forget et Samuel Valensi

« Coupures »

« Coupures »

Photo Jules Despretz

Pas évident d’intéresser le public à une sombre histoire de paysans aux abois, aux prises avec une municipalité écologique qui refuse parfois de comprendre leurs problèmes, et d’un État régalien qui installe sans discussion sur leurs terres de nombreuses éoliennes… Le pari est pourtant gagné haut la main. Grâce à leur mise en scène, aux changements de situations et de décors, à leurs personnages endiablés, les comédiens-auteurs Paul-Éloi Forget et Samuel Valensi parviennent à nous passionner pour des débats agricoles houleux. Ils nous font réfléchir, aussi, à la place des citoyens français dans leur démocratie d’aujourd’hui. Sans nous prendre la tête, avec une constante allégresse, vivacité, drôlerie. Et sans échapper, bien sûr aux séquences « émotion » nécessaires. Un spectacle pour mieux comprendre un monde terrien oublié, s’indigner, partager, sortir plus solidaires et intelligents. Toujours grâce à la magie du théâtre. — F.P.

r Jusqu’au 30 juillet, à La Scala Provence, à 10h. Durée 1h30. Relâche le 25. Tél. : 04 65 00 00 90.


“Insuline et Magnolia”, de Stanislas Roquette

« Insuline et Magnolia »

« Insuline et Magnolia »

Photo Ludo

Une bouleversante histoire vraie, vécue. L’acteur et auteur Stanislas Roquette a réellement découvert à l’âge de 15 ans, qu’il était diabétique, et condamné à se faire cinq piqûres quotidiennes d’insuline. Toute sa vie durant… Au même moment, la rencontre de Fleur, une adolescente de son âge, incroyable de liberté, de désir d’aventures, de rêves, frémissante de culture, de poésie et d’audace, lui ouvre les portes de l’art et du théâtre. C’est par elle, qu’il transcende avec une sensibilité folle et un humour dévastateur, réparateur, maladie et mauvais destin. Et se retrouve splendide acteur aujourd’hui, tout ensemble tragique et léger, nous contant, seul en scène, dans le sourire et la tendresse, sa terrible et régénératrice histoire. — F.P.

q Jusqu’au 27 juillet, au Théâtre du Train Bleu, à 14h30. Durée : 1h20. Tél. : 04 90 82 39 06.


“Quand je serai grande, je veux être Patrick Swayze”, de Chloé Oliveres

« Quand je serai grande, je veux être Patrick Swayze »

« Quand je serai grande, je veux être Patrick Swayze »

Photo Fabrice Cervel

Fou rire du public : figée au rayon bricolage d’un magasin, Chloé Oliveres doit acheter un clou. Oui, mais lequel ? Face à elle, trente mètres de modèles par milliers. Le récit de la scène permet aussitôt de prendre la mesure de l’humour ravageur de cette autrice-actrice. Et de comprendre la finesse du propos de celle qui, enfant, a décidé de devenir comédienne pour être sûre d’exister. Du bébé à la quadra qu’elle est désormais, cette interprète décoiffante (et souvent décoiffée) parcourt une existence promise à un amour de conte de fées avant de réaliser, qu’avec ou sans homme à son bras, la femme seule est l’avenir de la femme. Décapant solo brassant les frustrations, l’ambition, les illusions, la lucidité, le narcissisme, et même le doute. Tout est ici clamé, murmuré, chanté ou dansé avec le déhanché lascif de Patrick Swayze dans Dirty Dancing, film américain cult“e sorti en 1987, dont Chloé Oliveres démontre par A + B qu’il était, en son temps, un brûlot féministe (pro-avortement aussi). Quant à elle, elle a du talent à revendre et n’a pas à le prouver. — J.G.

r Jusqu’au 30 juillet, au Théâtre des Béliers, à 14h30. Durée : 1h. Relâche le 26. Tél. : 04 90 82 21 07.


“Ceci est mon corps”, d’Agathe Charnet

Un autel de pierre blanche pour tout décor. Dans cet espace quasi religieux, deux interprètes s’attellent à une lourde tâche. Déconstruire les stéréotypes de genre et tout ce que la société ou la famille transmettent d’attitudes réflexes cantonant les femmes dans une identité unique. Après soixante ans au moins de combat féministe, on pourrait penser que le boulot est fait. Agathe Charnet, jeune dramaturge trentenaire dont c’est la quatrième pièce, veut démontrer le contraire en partant du corps, le sien, pour dépeindre les traversées heureuses ou difficiles de tous ces carcans. Depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte. En chansons, en mouvements, comme en paroles, les deux performeur-performeuse déploient sur scène une énergie folle (Lillah Vial et Virgile-Lucie Leclerc) pour traduire ce parcours presque épique au ton d’autofiction. Et même si l’on n’adhère pas toujours quand le discours est univoque (son intro rentre-dedans sur l’« assignation dès la naissance », par exemple), les étapes de vie et de transformations physiques et psychiques sont ici corrélées avec finesse. On rit autant que l’on s’attriste ensuite au fil d’épisode plus durs : la détresse d’une mère faisant figure de sacrifée, la plongée corps et âme dans l’amour d’un garçon qui se révèle toxique et qui emprisonne. La découverte du corps des autres femmes sonne alors comme la révélation ultime (le diptyque de l’autel se referme, tout semble accompli), autant qu’un chemin personnel vers l’émancipation. — E.B.

q Jusqu’au 27 juillet, au Train bleu, à 12h (les jours impairs). Durée : 1h30. Tél. : 04 90 82 39 06.


“Frantz”, de Marc Granier

Dans sa Lettre au père, Franz Kafka invective son père qui ne lui passait rien et à qui il ne pardonnera jamais sa dureté. Marc Granier reprend ce thème d’une filiation tourmentée. Et n’intitule pas par hasard sa fiction d’un prénom qui évoque celui de l’auteur du Procès. Le spectacle se densifie lorsque Frantz apprend soudain qu’il est un orphelin. Comme si la représentation accédait, alors et alors seulement, à sa réelle nécessité. La vie ordonnée jusqu’à la maniaquerie du fils fuyant le terreau familial vacille. Dans le chaos qui surgit, l’acteur trouve son équilibre. Ce comédien ne parle pas. Il mime les gestes du quotidien. Derrière lui, des bruiteurs prennent en charge le son du quotidien tandis qu’un narrateur, double du père, nous raconte l’histoire. Jouer la pantomime requiert une précision totale du geste. Ce n’est pas toujours le cas sur la scène et il arrive qu’on s’égare. Mais ce pas à pas post mortem pacificateur d’un jeune adulte vers la figure de son père disparu est touchant et juste. Ce qui n’est pas chose évidente sur un sujet aussi sensible. — J.G.

q Jusqu’au 30 juillet, à la Scala Provence, à 17h40. Durée : 1h20. Relâche le 25. Tél. : 04 65 00 00 90.


“Ami.e.s, il faut faire une pause”, de Julien Fournet

À l’Amicale, coopérative de production fondée il y a douze ans, on rebrasse les formes théâtrales, avec un goût prononcé pour la conférence décalée. Qui cherche autant à faire passer des messages qu’à faire rire, selon des proportions variées. Julien Fournet, l’un de ses fondateurs, embarque cette fois son public dans un simulacre de descente en kayak le long de la rivière intranquille de nos vies. Sous l’étendard de « la classe verte », avec, en fond de scène, une carte géographique à la toponymie réinventée, il invite à faire « comme si ». Comme si l’on descendait le fleuve de nos sensations, en s’interrogeant toujours sur notre relation à l’autre et à la société. Jean Le Peltier, acteur-guide-gourou sur scène, est toujours au bord du clin d’œil même s’il cite Épictète, Spinoza, Deleuze ou Cynthia Fleury. Il finit par installer dans la salle un climat d’empathie, favorisé aussi par ces mini-tables posées entre chaque spectateur où trônent une jolie loupiote et un bol en terre cuite prêt à recevoir une tisane au thym. Voilà du théâtre à laisser infuser, qui ne manque ni de charme ni d’intelligence. — E.B.

q Jusqu’au 26 juillet, au Train Bleu, à 10h (les jours pairs). Durée : 1h15. Tél. : Tél. : 04 90 82 39 06.


“La Galerie”, par Machine de cirque

« La Galerie »

« La Galerie »

Photo L-W Théberge

Un espace tout blanc. Des estrades cubiques, pour accueillir des œuvres contemporaines. Sauf que dans cette galerie d’art, ce sont d’incroyables performeurs de cirque qui sculptent à l’envi des œuvres éphémères. Avec des corps élastiques, toujours prêts à dessiner des lignes dans l’espace avant d’atterrir où on ne les attend pas. Débarquée du Québec depuis la saison dernière, cette compagnie Machine de cirque (qui assume en même temps, à La Scala Provence, un époustouflant spectacle éponyme) y va franco dans la prouesse sans jamais se départir d’un sourire mutin. Deux femmes et cinq hommes en costumes chics sur des baskets rebondissantes, stimulés par une saxophoniste au chignon en déséquilibre et aux vocalises flûtées, offrent un florilège de toutes les figures acrobatiques possibles. À mains nues d’abord, dans des portés virtuoses. Puis grâce à une barre souple : sur un bastaing plat soutenu par leurs pairs, les deux acrobates (une femme et un homme) sont sidérants, à nous couper le souffle. Lorsqu’ils s’emparent de la bascule coréenne, les autres sont tout aussi tranchants, nets, puissants. C’est aussi cette émotion à nouer les tripes qu’on attend du cirque ! Après avoir crevé le miroir de la tradition et trouvé un ton plus onirique, ils convoquent sur scène de belles images, tel un rêve éveillé. — E.B.

r Jusqu’au 30 juillet, à La Scala Provence, à 10h. Durée : 1h15. Relâche le 25. Tél. : 04 65 00 00 90.


“L’Encyclopédiste”, de Frédéric Danos

Nous parlons et cela nous semble aller de soi. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Cette question est décortiquée dans les moindres détails par le comédien Frédéric Danos qui, seul en scène, entre dans les méandres de la prise de parole, aussi complexe pour lui que la construction de son nid par l’oiseau. Mots empilés les uns sur les autres, tel un amas méticuleux de brindilles, la parole est un flux d’ondes bravant l’espace entre le locuteur et son auditeur. Une affaire de géométrie et de physique, un mouvement organique. Troué par l’irruption de sons venus du réel (conversations familiales, harangue dans le métro, commentaires autour de la dégustation d’un plat), le spectacle surfe sur l’oralité et slalome avec le sens. Il arrive que l’argumentation nous perde mais, toujours, surgissent un mot ou bien un silence, interrompant notre distraction. Cette ludique et érudite aventure fait partie intégrante d’un plus vaste projet développé depuis 2007 par le metteur en scène Joris Lacoste, Encyclopédie de la parole. — J.G.

q Jusqu’au 27 juillet, au Train Bleu, à 11h40. Durée : 1h. Tél. : 04 90 82 39 06.

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