« Douce nuit, sainte nuit ! » En cette veille de Noël 1904, il n’est pas question que les pierreuses fassent le tapin dans les rues de Paris. Sous pression politique et probablement religieuse, le préfet Lépine (Marc Barbé) ordonne une rafle. S’exécutant avec trop de zèle, des agents de la brigade des mœurs embarquent Rosalie Dantremont, prostituée et fille mère dont le nourrisson, laissé seul et malade dans son berceau durant la garde à vue, meurt. Au même moment, l’inspecteur Jouin (Jérémie Laheurte) tente d’identifier le cadavre d’un homme retrouvé dans les allées interlopes et brumeuses du bois de Boulogne.
Après Paris Police 1900, ambitieux polar politique sur fond d’affaire Dreyfus, Fabien Nury fait le portrait avec Paris Police 1905 d’une brigade des mœurs ultra-corrompue et d’une capitale rongée par la syphilis, le vice et le chantage. Un conte gothique et grinçant de Noël dans le Paris de la Belle époque à découvrir ce lundi à 21h10 sur Canal+.
« Chaque saison raconte une histoire complète. Le spectateur revient si cela lui a plu, et pas juste pour connaître la suite », lance Fabien Nury, le créateur de la série, lors d’une table ronde organisée par la chaîne cryptée. Située cinq ans après Paris Police 1900, Paris Police 1905 met cependant en scène les mêmes protagonistes.
Des protagonistes en pleine crise
L’inspecteur Jouin n’est plus le jeune homme fougueux de Paris Police 1900, il s’est marié et est père de famille. « Il est toujours solitaire et peu apprécié de ses collègues. Ce qui le caractérise, c’est qu’il est incorruptible », souligne Jérémie Laheurte.
L’enquête qu’il va mener au bois de Boulogne, « le lieu des homosexuels, des “invertis” » va le confronter à la police des mœurs. « Il va risquer sa carrière, sa réputation et son honneur », promet l’acteur.
Le préfet Lépine est en pleine crise depuis le décès de sa femme en 1903. « Il n’arrive pas trop à faire ce deuil. Il est aussi dans le doute par rapport à l’institution, à l’utilité de tout ça, à sa fonction », détaille Marc Barbé. La mort du bébé de Rosalie Dantremont « va révéler la crise qu’il traverse et va le confronter à la brigade des mœurs, une police en grande partie ripoux. »
Marguerite Steinheil, dite « Meg » (Evelyne Brochu) prépare le vernissage de son mari, Adolphe, qui termine justement une série de tableaux gothiques et hivernaux sur le bois de Boulogne. « Elle a un peu perdu de sa superbe et vit enfermée dans son manoir avec sa famille un peu toxique », résume le réalisateur Julien Despaux.
« Jeanne Chauvin a pu enfin prêter serment. Elle n’a pu plaider que trois fois et elle est assez désillusionnée. La plupart de ses clientes sont des prostituées », explique son interprète, Eugénie Derouand. L’avocate va bien évidemment s’emparer du dossier Rosalie Dantremont.
Des institutions en pleine crise
Cette nouvelle saison aurait dû être centrée sur la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, une thématique qui n’avait pas reçu la bénédiction de Vincent Bolloré, le patron de Canal+, selon les informations du Canard enchaîné.
À la croisée du polar, du conte gothique et de la comédie noire, cette nouvelle saison réussit tout de même à dénoncer les liens toxiques qu’entretiennent alors l’Eglise et l’Etat. « La police des mœurs, c’est la police du sexe, la police du vice, la police dans votre chambre. Le bras armé de l’état va dans l’intimité des gens en fonction de ce qui est estimé correct ou pas, explique Fabien Nury. Le système de l’époque donne un tel pouvoir à la police des mœurs que la corruption devient endémique ».
Les règles appliquées par la police des mœurs sont celles édictées par le clergé. « Plus une société est répressive et intolérante, plus elle engendre de clandestinité, et donc de possibilité de chantages. Il faut la peur et la honte pour que le chantage soit possible », rappelle Fabien Nury.
La vocation de cette nouvelle saison n’est donc pas de savoir qui a tué qui, mais qui a couché avec qui ? S’il est né le divin enfant lors de cette sainte nuit de Noël 1904, il est mort l'enfant de Rosalie Dantremont, atteint de syphilis, la même nuit. Un virus transmis à la mère, ironie du sort, par un jeune prêtre. Une habile manière de pointer l’inhumanité de la police et l'hypocrisie du clergé, non ?
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