
Valéry Giscard d’Estaing (1926-2020), « VGE », a toujours voulu apparaître comme un homme simple, décontracté et surtout moderne. Sans jamais vraiment y parvenir. L’ancien président de la République eut beau bousculer la communication politique, se faire prendre en photo en pull-over et s’inviter à dîner dans les foyers, les Français gardent le souvenir d’un grand bourgeois, accroché à ses privilèges. Ce n’est pas la vente, le 13 décembre, à Drouot, du contenu de son ancien hôtel particulier, rue de Bénouville, à Paris, qui contredira cette image.
Statuettes de Meissen provenant de Gustave de Rothschild, bureau estampillé Garnier d’époque Louis XVI, pendule d’époque Empire… Contrairement à son prédécesseur, Georges Pompidou, passionné par la création contemporaine et le design, « VGE » préférait à l’art de son temps les meubles de famille et les assiettes de l’Ancien Régime.
Sa veuve, Anne-Aymone de Brantes, raconte dans la Gazette Drouot, que son mari adorait éplucher les catalogues de ventes aux enchères, pour pister les meubles ayant appartenu à ses aïeux. L’ancien chef de l’Etat a ainsi racheté, en 1993, une commode Louis XV de l’ébéniste Rochette, que la grand-mère de sa femme avait possédée. Les provenances royales le fascinent, comme cette paire de chaises estampillées Boulard provenant du château de Fontainebleau ou d’un paravent en bois doré issu du château de Saint-Cloud.
Le vieux monde a moins la cote
De son vivant, le président avait cédé, en 2012, pour 652 000 euros, le contenu de son château de la Varvasse, à Chanonat (Puy-de-Dôme), sous le marteau de Claude Aguttes, un Auvergnat comme lui. Pour les 181 lots provenant de la rue de Bénouville, la maison de ventes Beaussant Lefèvre attend au bas mot 1 million d’euros, une estimation « raisonnable ».
La qualité des pièces n’est pas en cause. Mais, chez les nouveaux riches, le vieux monde a moins la cote. Les jeunes générations préfèrent le design au siècle des Lumières, les fortunes de la tech rêvent de Picasso et Basquiat plutôt que de Madame du Barry. « Les résultats enregistrés récemment pour de belles dispersions de mobilier français du XVIIIe, comme les collections Hubert de Givenchy, Al Thani ou Getty démontrent que ce goût est encore apprécié », proteste toutefois le commissaire-priseur Pierre-Yves Lefèvre.
Quid du pedigree « VGE », écorné par le désamour tenace des Français ? « C’est plus la collection d’une famille que d’un homme politique », nuance Pierre-Yves Lefèvre. « Avec le recul, ajoute-t-il, on constate que la politique culturelle de Valéry Giscard d’Estaing a apporté de grandes choses durables pour la protection du patrimoine et les musées : création des musées d’Orsay et Picasso, réaménagement des Arts décoratifs, mesures de sauvegardes du patrimoine, notamment urbain, politique en faveur des dations. Peut-être à l’image de ses collections : intemporelles, historiques, sans ostentation. » Le commissaire-priseur n’est d’ailleurs pas très inquiet. Face aux objets, les acheteurs laissent souvent leurs sensibilités politiques au vestiaire.
En savoir plus et une source d'actualités ( L'intérieur cossu et suranné de Giscard d'Estaing aux enchères - Le Monde )https://ift.tt/lFjie12
Divertissement
Bagikan Berita Ini
0 Response to "L'intérieur cossu et suranné de Giscard d'Estaing aux enchères - Le Monde"
Post a Comment